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AVOIR SA PLACE
Les aînés prennent la parole

AVANT-PROPOS

RESPECT ET RECONNAISSANCE

UNE VILLE ACCESSIBLE

UTILISER LES TRANSPORTS EN COMMUN

DES SITUATIONS QUI COMPLIQUENT LA VIE

S’ADAPTER AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES

LES AÎNÉS, DES EXEMPLES DE RÉSILIENCE

CRÉDITS ET REMERCIEMENTS

LES AÎNÉS PRENNENT LA PAROLE

AVANT-PROPOS

L’exposition Avoir sa place. Les aînés prennent la parole illustre les résultats d’une recherche universitaire. Cinquante-six personnes âgées de 65 à 94 ans ont participé à des discussions de groupe portant sur le thème des lieux et des situations d’exclusion, partageant leurs expériences individuelles et collectives. L’exposition vous invite à découvrir les paroles d’aînés montréalais jumelées à des photos d’autres aînés réalisées par des photographes d’âge varié. Elles révèlent différents aspects des lieux et situations d’exclusion vécues au quotidien.

Lancée en 2012, elle a pris la forme d’une exposition itinérante qui a voyagé pendant 5 ans. Elle a circulé dans plus de 20 lieux différents, traversant 8 régions du Québec, et plus de 3300 personnes ont pu la visiter. L’exposition ne se déplace plus dans sa forme physique mais nous avons voulu que son contenu reste accessible. Vous pouvez visiter ici l’exposition en mode virtuel.

© Jérémie Dubé-Lavigne

Avec l’avancée en âge, certaines personnes deviennent de plus en plus sensibles à leur environnement immédiat. Quand les obstacles se multiplient, les aînés doivent s’adapter et lutter pour conserver leur autonomie. Ils doivent parfois renoncer à certaines activités, mais ils arrivent le plus souvent à contourner les difficultés, faisant preuve ainsi de force, de résilience, de capacité d’adaptation et d’inventivité.

Comment pouvons-nous ensemble tenir compte de leurs réalités et favoriser leur inclusion ? Allons à leur rencontre pour y réfléchir !

RESPECT ET RECONNAISSANCE

AVOIR SA PLACE COMME TOUT LE MONDE

Avoir sa place dans la société signifie être visible, entendu, reconnu et respecté. Même si on ne peut pas affirmer que les personnes âgées sont majoritairement exclues de notre société, il demeure qu’elles sont parfois associées à des images négatives et l’objet de préjugés. Dans certaines situations, les aînés ont l’impression d’être invisibles, de ne pas être pris en compte, de ne pas être crédibles ou qu’on leur manque de respect.

© Evelyn Young

« Il y a un discours actuellement qui m’énerve. Même au gouvernement […] que ce soit l’Assemblée nationale, que ce soit dans la politique […] c’est de remettre le fardeau sur les aînés. Ils nous renvoient le message qu’on est inutile, autrement dit, que si on n’était pas là ça serait bien pour les jeunes ! Mais si on n’était pas là, il n’y en aurait pas de jeunes ! »

© Jérémie Dubé-Lavigne

« Ce n’est pas parce qu’on est âgé qu’on n’a plus rien à apporter à la société ! »

« Parce qu’ils sont aînés, ils n’ont rien à faire. Ils ont servi la société et puis maintenant, ils les laissent isolés et ça, ce n’est pas bon. On doit les aider. On doit parler avec eux. »

© Jérémie Dubé-Lavigne

UNE VILLE ACCESSIBLE 

Réflexions autour de l’aménagement urbain

Pour plusieurs aînés, certaines situations d’exclusion sont vécues au quotidien. Un simple déplacement dans leur environnement immédiat peut devenir un parcours semé d’embûches telles que des trottoirs crevassés, des feux de circulation trop courts, l’absence de banc public pour se reposer, etc. Tant que le vieillissement n’affecte pas les capacités motrices, tout va bien. Mais lorsque le corps n’est plus aussi agile et que l’acuité visuelle est moins bonne, se promener en ville pour vaquer à ses occupations peut devenir un véritable défi.

© George Liberman

« J’ai des problèmes avec ma colonne, puis j’ai de la misère avec ma jambe puis tout ça, mais il y a plein d’autres problèmes qui se rajoutent avec la santé. Il y a plein d’endroits où je ne peux pas aller, des fois c’est à cause des marches. »

© Jérémie Dubé-Lavigne

« Chaque fois qu’on va dans des endroits publics, on se doit de téléphoner : est-ce que c’est accessible aux gens à mobilité réduite ? Sans arrêt, sans arrêt. »

« Bien je me sens isolé ici, parce que personne ne vient depuis que je suis là. Je n’ai vu personne de mes anciens amis. Ils ne viennent pas. Il n’y a pas de stationnement. »

© Philippe Laporta

UTILISER LES TRANSPORTS EN COMMUN

Pas si facile que ça!

Pour les aînés qui vivent avec des capacités physiques limitées, utiliser les transports en commun relève du défi : difficulté à trouver un siège libre, à lire le nom des rues, trajets d’autobus conçus pour se rendre aux lieux d’emploi, absence d’ascenseur dans le métro, escaliers roulants défectueux. Certaines personnes âgées bénéficient du transport adapté qui impose toutefois des contraintes d’horaire ou de choix de destinations. Quand la fatigue et les douleurs s’en mêlent, se déplacer devient un casse-tête, voire une impossibilité. La courtoisie et l’attention des autres usagers du transport en commun deviennent primordiales.

© Ilana Block

« Il y a des endroits bien dans les wagons de métro, il y a des places réservées aux chaises roulantes. Sauf qu’il y a des stations auxquelles on ne peut pas accéder en chaise roulante. »

« Je dois utiliser les transports en commun. La majorité du temps, c’est fantastique. Comme j’ai un déambulateur, les gens me cèdent leur place. Mais quand ça n’arrive pas, je suis en déséquilibre, je ne peux pas aller au fond du bus facilement. »

« Et puis évidemment, les heures d’affluence, il n’y a rien de pire pour les personnes âgées […]. On ne rentre pas là-dedans parce que ça marche à toute vitesse ! »

© Philippe Laporta

« Les sièges rabattables dans les bus, c’est dur de les déployer avec des paquets dans les mains et il faut s’assoir très vite pour ne pas qu’ils se rabattent, le ressort est très tendu. Ça demande souvent l’aide d’une autre personne, certaines personnes sont déjà tombées. Heureusement j’ai le transport adapté, mais on ne peut pas s’accorder les loisirs qu’on voudrait parce qu’on est limité. »

© Jérémie Dubé-Lavigne

DES SITUATIONS QUI COMPLIQUENT LA VIE

Stratégies et persévérance

En plus des défis liés à l’aménagement et aux transports, les activités des aînés peuvent être soumises à d’autres obstacles : portes difficiles à ouvrir, trop étroites pour un fauteuil roulant ou un déambulateur, marchandises qui envahissent les allées des commerces, etc. Quand se déplacer devient plus difficile, les possibilités de sorties se restreignent. Faire son chemin dans une foule n’est pas facile. Aller au centre commercial, faire son marché ou fréquenter les grands événements devient ardu.

© Jérémie Dubé-Lavigne

« Se déplacer en chaise roulante dans une épicerie, il faut que tu te tordes le cou pour voir le haut des tablettes […]. Après ça, devant un comptoir à viande, il faut que tu t’étires, ça prend une rallonge pour aller chercher quelque chose. Là tu passes à côté des bananes ou des oranges, il en tombe dix à terre. C’est une aventure ! »

« Pourquoi c’est difficile de se rendre à ce commerce-là ? Bien, il faut que tu montes trois marches. Il faut que tu ouvres des portes […]. C’est plein de paniers puis d’arbres de Noël, puis de revues. Là tu as une porte coulissante, il faut que tu te faufiles là-dedans. »

« Il y a des endroits où j’ai de la misère à aller maintenant. Quand je veux aller magasiner, il faut que je choisisse mes journées. Le samedi et le dimanche, il faut que j’évite pas mal de sortir, parce qu’avec la marchette, je ne peux pas passer. Je dérangerais tout le monde et il faudrait que je m’excuse partout. »

« Des fois, il y a des restaurants où on va […], mais là, la toilette est en bas. Je ne descends pas à la toilette en bas. »

 © Simon Bernier-Bilodeau

S’ADAPTER AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES

Un défi!

Alors que les services en ligne se multiplient, certaines personnes, dont les aînés, doivent composer avec les défis liés à l’informatisation de notre société. L’utilisation de ces technologies engendre des coûts qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses et, pour certains, nécessite de nouveaux apprentissages.

© Paul Couture

« L’exclusion, c’est aussi aujourd’hui avec les ordinateurs. Quand on n’a pas d’ordinateur, on ne peut pas communiquer avec la moitié des endroits […]. Même le gouvernement commence à avoir plein d’endroits que vous avez de la misère à rejoindre. Ils vous disent d’aller sur Internet. »

© John Zimmerman

« Sans accès à l’information, on peut ignorer l’existence de services de soutien ou de ressources gratuites ou à coût minime. Pour les aînés qui vivent avec des revenus modestes ou qui n’ont pas accès à un ordinateur, la nécessité d’utiliser Internet et les nouvelles technologies devient un enjeu. »

© Communautique (CC-BY-SA)

LES AÎNÉS, DES EXEMPLES DE RÉSILIENCE

Vieillir, c’est devoir s’adapter à de nouvelles situations, par exemple déménager, composer avec de nouveaux voisins et commerces, voir son réseau social ou son environnement se modifier, etc. Les témoignages des aînés révèlent qu’ils déploient des stratégies pour poursuivre leurs activités, rester en contact, aider d’autres personnes et conserver leur autonomie. Ils sont persévérants et parviennent le plus souvent à surmonter les difficultés, petites et grandes. L’inclusion de tous les membres de la société est un enjeu collectif. Nous sommes tous responsables de concevoir la société et la ville pour qu’elles soient inclusives pour l’ensemble des citoyens, âgés ou non, dans leur diversité. La recherche a mis en lumière qu’en modifiant même de petites choses, on peut faire une différence.

© Alain Roy

« On a du guts, tu sais, les vieux ! »

« Je pense que les personnes âgées ont beaucoup à apprendre aux jeunes. Si les jeunes se tenaient plus avec les personnes âgées, ils apprendraient beaucoup de choses. »

« Une association pour les personnes âgées m’a permis de rencontrer beaucoup de gens. C’est rare que je sorte de chez moi sans rencontrer quelqu’un à qui je dis “Salut ! Comment tu vas ? Bonjour !”. Ça, pour moi, je trouve ça merveilleux. J’aime ça. »

© Jérémie Dubé-Lavigne

© Philippe Laporta

« Il y a beaucoup de personnes âgées qui aimeraient être utiles encore, faire des choses. »

CRÉDITS ET REMERCIEMENTS

D’abord, un grand et chaleureux merci aux personnes âgées qui ont participé aux groupes de discussion. Nos remerciements aussi à tous les aînés qui ont accepté de se faire photographier. Cette exposition n’aurait pas été possible sans vous et elle vous est dédiée.

Équipe de recherche
Anne-Marie Séguin, Véronique Billette, Alexandra Guay-Charrette et Marie-Josée Dupuis

Soutien à la réalisation
Marilyne Chevrier et Geneviève Lamy

Muséologue
Geneviève Larouche

Photographes
Les membres du Montreal Camera Club : Rachel Jacklyn Bilodeau, Ilana Block, Paul Couture, Philippe Laporta, Alain Roy et Evelyn Young, avec des remerciements particuliers à son président actuel et à son président sortant : George Liberman et John Zimmerman.

Merci aussi à Jérémie Dubé-Lavigne et Simon Bernier-Bilodeau qui ont participé au projet dès le début. Finalement, merci à Communautique de nous avoir permis d’utiliser une de ses photos.

Design graphique
Numéro Neuf

Adaptation Web
PF communications

Partenaires
Table de concertation des aînés de l’île de Montréal, Alliance 3e âge Grand-Plateau, Centre des Aînés de Villeray, CSSS Rosemont, CSSS Bordeaux-Cartierville, Conseil des aînés de NDG, Résolidaire et la Société des transports de Montréal (STM)

© Philippe Laporta

Projet de l’équipe de recherche FRQSC  Vieillissements, exclusions sociales et solidarités (VIES), du Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale du CSSS Cavendish-CAU (CREGÉS) et de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) – centre Urbanisation Culture Société

Note : les personnes qui figurent sur les photos ne sont pas celles qui ont exprimé les propos rapportés dans l’exposition.

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